Survol de la littérature taïwanaise
Depuis l'occupation japonaise

D'après l'article de Caroline Morillot paru dans: "Taiwan - enquête sur une identité"

 

De l'occupation japonaise à l'arrivée de Jiang Jieshi(Chang Kai-chek): 1885-1949

De façon traditionnelle, on considère que la littérature taiwanaise débute en 1920 avec Lai He, médecin et écrivain taiwanais de souche. Lai He (1894-1943) entre, dès 1921 dans l'Association littéraire de Taiwan et est un grand défenseur de la " littérature de protestation " (kangyi wenxue). Durant la période de l'occupation japonaise, toute l'élite taïwanaise reçoit une éducation japonaise (la langue chinoise sera même interdite par l'occupant à partir de 1936) et ne prend que tardivement connaissance du mouvement du 4 mai 1919 (instituant notamment l'usage de la langue parlée ou " baihua " dans la littérature). Au cours des années 20 Yu Juan met en application les principes de cette grande " réforme littéraire ". Elle publie en effet de nombreux articles en langue parlée dans le quotidien " Peuple taiwanais ". Et à partir de 1927, on assiste à une diffusion plus large et complète des informations et à une libéralisation des idées via la presse locale ("le quotidien du peuple taïwanais " et " la jeunesse taïwanaise ") ce qui va donner lieu à une riche production littéraire. Cette nouvelle littérature taïwanaise qui voit le jour dans les années 30 est à forte tendance gauchiste. Mais le mouvement est neutralisé par deux fois : En 1931 par le gouvernement japonais et en 1948 lorsque le Guomindang promulgue la loi martiale (abolie en 1987).

 

Des années 50 aux années 80 (sous le règne de la loi martiale:

En 1949, Jiang Jieshi se réfugie à Taïwan et fait de Taipei sa capitale. L'élite taïwanaise ne peut alors que peu s'exprimer, muselée par le gouvernement ou à la solde de celui-ci. Cette même élite ayant par ailleurs déjà fait les frais de la politique gouvernementale de Jiang Jieshi suite aux évènements du 28 février 1947. La littérature ne fait pas exception à la règle et est par conséquent très peu prolifique. Pourtant certains s'expriment et l'on peut dire que dès lors l'écriture devient un acte social. Au fur et à mesure que la reconquête de la Chine par le Guomindang apparaît comme un rêve de plus en plus lointain, le problème de l'identité taïwanaise est de plus en plus vivace et au centre des préoccupations littéraires. Enfin dans les années 70 apparaît une sorte de régionalisme qui s'exprime à travers ce que l'on nomme la " littérature de terroir ". C'est en fait un désir de retour aux sources. L'idée est de faire en sorte que la littérature taïwanaise soit débarrassée des apports en provenance du continent.

 

Les années 90 (la démocratisation):

Depuis la levée de la loi martiale en 1987, l'île de Formose entre dans une ère de réelle et profonde démocratisation. Les courants littéraires sont nombreux. La littérature féminine dont Li Ang est un des porte-drapeaux, est de plus en plus prolifique. Les tabous tombent et notamment celui de l'homosexualité (même si l'homosexualité reste un tabou dans la vie quotidienne). Par ailleurs la question de l'identité taïwanaise est un vrai sujet de préoccupation de cette littérature des années 90 (préoccupation littéraire mais aussi sociale et politique sous l'influence du DPP et de Chen Shuibian). Le XXIème est sans aucun doute très prometteur en ce qui concerne la littérature taïwanaise et il serait peut-être intéressant que celle-ci soit plus abondamment traduite en langue française.