La dynastie des Zheng

(1661-1683)

En 1661 un aventurier chinois du nom de Koxinga s’empare de l’île de Taïwan et en chasse les Hollandais, devenant ainsi le maître incontesté de l’île.
Cet homme est aujourd’hui considéré par les Taïwanais comme un véritable héros national.Ceci est non seulement dû à la forte personnalité de Koxinga, mais également au fait qu’il a su insuffler un sentiment sécessionniste à l’égard du lointain gouvernement chinois et mettre un terme à la colonisation hollandaise. Koxinga a  redonné sa fierté à tout un peuple et a su mettre en place un système dynastique.

En 1644, un général de l’armée chinoise fait appel au Royaume Mandchou afin de réprimer une révolte. Peu de temps après, ces mêmes Mandchous vont en profiter pour mettre à mal les troupes chinoises et occuper Pékin. Ils mettent alors un de leurs seigneurs (qui prendra le nom de "Shunzhi") sur le trône de L’Empire Céleste. Ainsi, ils fondent la dernière dynastie chinoise: la dynastie des Qing (1644-1911).

Mais, peu de temps avant la chute des Ming, Chongzhen, le dernier Empereur de cette dynastie avait nommé à la tête de ses armées, un pirate basé à Taïwan: Zheng Zhilong . Ce dernier se marie à une Japonaise qui lui donne un fils auquel il passe le flambeau des Ming. Ce fils porte le nom de Zheng Chenggong , plus connu en occident sous le nom de Koxinga.

"[Aux environs de 1650, Koxinga] était un pirate marchand qui menait […] une guérilla navale très efficace contre les Mandchous, sur les côtes deChine du sud. Son mouvement de dissidence politique n’était pas seulement fondé sur le protonationalisme (sous forme de loyalisme pro-Ming), mais aussi sur les aspirations d’un capitalisme mercantile que les rigueurs de la bureaucratie économique d’Etat poussaient vers les voies les plus illégales. Ces deux aspects - lutte contre la dynastie étrangère  et lutte contre les monopoles économiques par la piraterie - se trouvaient confondus dans son appartenance à la Triade, la grande organisation anti-mandchous de Chine du sud."

A ce moment-là, Koxinga est installé près de Xiamen (Amoy) dans le sud de la province du Fujian. Ses acivités principales consistent alors à piller les cités maritimes des alentours et en des raids côtiers. Dans le même temps, il se livre à de multiples trafics avec les Etats voisins tels que le Japon, les îles Ryukyu, le Vietnam, le Siam ou encore les Philippines. Mais il fréquente également les Européens qui se risquent dans les mers de Chine.
Au cours des années 1658-1659, tout comme l’avaient fait auparavant les "Wokou" (pirates japonais qui écumaient la mer de Chine dans les années 1653 à 1655), Koxinga pousse ses razzias jusqu’à Nankin. Mais il est repoussé et doit dès lors se contenter de quelques actions de harcèlement sur les côtes chinoises. Et c’est en 1661 qu’il est finalement contraint de se replier sur Formose.

L’île ne lui est alors pas franchement ouverte. En effet, les Hollandais installés là sont plutôt hostiles à ce pirate, bien que le considérant, à tort, comme inoffensif. Alors fort d’une flotte de neuf cent navires de guerre et de vingt cinq à trente mille hommes, Koxinga force dans un premier temps les colons hollandais à se retrancher dans les fortifications qu’ils avaient érigé à leur arrivée. Après un long siège, Koxinga et ses troupes pénètrent enfin dans le fort Zeelandia et chassent les colons de l’île. Ceci marque la fin du règne hollandais sur Formose.

Koxinga est alors le seul maître de Taïwan, qui devient une principauté autonome, et est rejoint par des dizaines de milliers de partisans venus du sud de la Chine. Et cela malgré les interdictions officielles de L’Empire Céleste.
Sous le règne des Zheng, l’île merveilleuse est une enclave loyaliste Ming qui lutte contre le gouvernement mandchou, qui domine désormais toute la Chine continentale.
Zheng Chenggong le pirate, s’emploit alors à développer l’île dans tous les domaines: il améliore les voies de communication et l’agriculture, il fait de Tainan un véritable centre économique et politique. Koxinga se préoccupe également de la culture chinoise: aidé de nombreux lettrés, maîtres et artistes, il restaure les lois, les institutions et les traditions qui avaient cours sous les Ming.

Koxinga meurt en 1662. Son fils, Zheng Jin puis son petit fils lui succèdent et poursuivent son oeuvre, toujours dans un esprit de loyalisme vis à vis des Ming. Avec la venus des Zheng sur l’îe de Formose, c’est une véritable dynastie qui s’est mise en place dès le départ, même si elle fut de courte durée (1661 à 1683).
En effet, on peut observer plusieurs caractéristique inhérentes à une dynastie, ici présentes: possession du pouvoir de père en fils, choix d’une capitale nouvelle, volonté de se tourner vers des valeurs différentes (ou précédentes) de celles qui ont cours et attitude céssessionniste.

Mais en 1683, l’Empire chinois décide de mettre un terme aux agissements loyalistes des Zheng, en organisant une expédition militaire qui met fin à vingt deux années d’indépendance taïwanaise.