Des
origines au XVIème siècle:
migrations et peuplement
Avant l’arrivée des
premiers "visiteurs" chinois, l’île de Formose était
peuplée d’Aborigènes. Ces Aborigènes étaient
scindés en deux communautés. L’une d’entre elles, située
dans les plaines, était sédentaire et principalement constituée
de cultivateurs. L’autre communauté était située
au coeur des montagnes. Il s’agissait-là d’une population non
sédentarisée, qui tirait ses ressources vitales de la
chasse et de la cueillette, leur vie étant rythmée par
des guerres tribales. Les migrations Si l’on se réfère à "l’Histoire des trois Royaumes" (220-265), il est à penser que dès 239 de notre ère, les Chinois tentent véritablement de s’installer sur l’île de Formose. En effet, le IIIème siècle de notre ère est une période de colonisation et d’expéditions: dans un premier temps, ces expéditions vont se faire en direction de la Chine du sud et du Vietnam, puis vont être dirigées vers les pays d’outre mer. Dans ce cadre de conquêtes, le Royaume de Wu (222-280) s’est constitué une marine, et en profite pour envoyer un corps expéditionnaire composé de dix mille hommes afin d’attaquer Taïwan. Il faut attendre la dynastie
des Sui (581-618)pour que l’on reparle d’expéditions vers l’île
de Formose. Ce territoire se retrouve alors dans les sources chinoises
sous le nom de "Liuqiu". L’Empereur Yang (604-617) mène
à cette époque une politique expansionniste. C’est dans
ce cadre qu’il constitue une flotte et envoie des expéditions
sur l’île de Formose. En effet, deux expéditions chinoises
sont dirigées dans les années 605 et 606, contre Formose.
" Les habitants de ce royaume refusèrent de se soumettre. Alors Tch’en Ling les battit, incendia leurs maisons et leurs palais, emmena des prisonniers au nombre de plusieurs mille et revint en Chine." Cette période marque
également le début des relations diplomatiques entre Taïwan
et le continent. Le peuplement de Formose
La communauté Hakka
a depuis toujours ou presque été persécutée
en Chine. C’est ce qui l’a amenée à déserter les
terres septentionales environ cinq cent ans avant J.-C., pour se rapprocher
inexorablement du sud. Ainsi les Hakkas se sont retrouvés sur
les côtes des provinces du Fujian et du Guangdong. A partir de
ces côtes, ils ont developpé des activités de pêche
et de commerce, ce qui les a conduit sur les rives des îles Pescadores
(ou "Penghu") et de Taïwan. C’est sous la dynastie des Yuan (1271-1368)(10) que l’île de Taïwan est de nouveau au coeur de toutes les convoitises. En 1291, une expédition est montée, le but étant de soumettre l’île au pouvoir mongol. Mais cette nouvelle tentative, comme les précédentes, est un échec. Il n’y aura alors plus de nouvelle tentative de conquête jusqu’à la fin des Ming. Cependant, sous la dynastie des Ming (1368-1644), d’autres communautés chinoises que les Hakkas décident d’émigrer vers Formose. Ces migrants sont issus de la toute proche province continentale du Fujian. Arrivés sur l’île, ils poussent à leur tour les Hakkas vers le milieu des terres (tout comme les Hakkas l’avaient fait auparavant avec les Aborigènes), et s’installent massivement dans les plaines de l’Ouest. Ces nouveaux migrants se désignent eux mêmes sous le nom de "Ben di ren", ce qui signifient "Hommes de cette terre". Cette désignation leur permet d’affirmer leur différence vis à vis des Hakkas et des Aborigènes et ainsi de se désolidariser de ces premiers migrants, tout en marquant également une différence à l’encontre des Chinois du continent arrivés après eux. Au cours de l’un de ces voyages (entre 1405 et 1433), un eunuque navigateur nommé Zheng He, sillonant les mers de Chine, fit part de sa "découverte" de l’île de Formose à l’Empereur céleste. Dès lors, le nom de Taïwan (qui signifie "baie en terrasse") est utilisé par les Chinois pour désigner l’île. Au cours des XVème et XVIème siècles, Formose devient le refuge privilégié des pirates et des commerçants de la Chine continentale et du Japon. "Ils la considéraient comme une base de départ pour la côte orientale du continent. Il est alors difficile de distinguer les pirates des commerçants dans la mesure où les uns et les autres opéraient tout aussi illégalement à Taïwan. L’île satisfait en effet pleinement leurs besoins: sa population industrieuse produisait denrées alimentaires et autres biens en quantités importantes, et surtout, elle s’administrait elle-même par le biais de lignages claniques et villageois, sans interférence de Pékin [(Beijing)] ni d’ailleurs. Comme elle était à proximité des centres de négoces et des routes maritimes de la Chine, du Japon et de Hong Kong, tout en échappant à leur contrôle politique. Taïwan devient un paradis pour les pirates qui se livraient au négoce si la conjoncture était favorable ou vivaient de rapine dans le cas contraire." |